Césure encadrée : Océane, cursus agronome
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Césure encadrée : Océane, cursus agronome

Episode description

Dans cet épisode d’Ingénieur·es en Herbe, Identités en Chantier, nous tendons, aujourd’hui, notre micro à Océane, étudiante à l’Institut Agro Rennes-Angers, qui a choisi de vivre une année de césure encadrée. La césure consiste, pour tout·e étudiant·e inscrit·e dans une formation d’enseignement supérieur, à suspendre ses études pendant une période pouvant aller de 6 mois à 1 an afin de vivre une expérience personnelle, professionnelle ou d’engagement en France ou à l’étranger. “Cela permet de contribuer à un choix d’orientation, au développement personnel et à l’acquisition de compétences nouvelles”. En 2024-2025, 74 étudiant·es agronomes et agroalimentaires de l’Institut Agro Rennes-Angers sont parti·es en césure.

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Dans cet épisode d'Ingénieurs en Herbe, Identité en Chantier, nous tendons aujourd'hui

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notre micro à Océane, étudiante à l'Institut Agro Rennes-Langers, qui a choisi de vivre

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une année de césure encadrée.

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La césure consiste, pour tout étudiant inscrit dans une formation d'enseignement supérieur,

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à suspendre ses études pendant une période pouvant aller de 6 mois à 1 an afin de vivre

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une expérience personnelle, professionnelle ou d'engagement en France ou à l'étranger.

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Cela permet de contribuer à un choix d'orientation, au développement personnel et à l'acquisition

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de compétences nouvelles.

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En 2024-2025, 74 étudiants agronomes et agroalimentaires de l'Institut Agro Rennes-Langers sont partis

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en césure.

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Dans ce cadre, Océane a construit son parcours au rythme de ses découvertes, de ses rencontres

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et de ses expériences, entre vendanges, maraîchage, stages au Cirade au Gabon et stages au Parc

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Victoria en Australie.

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En quoi cette expérience est-elle formatrice? Quelles sont ses questions? Ses doutes

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? Qu'a-t-elle appris, compris? Enfin, comment se projette-t-elle dans les mois qui viennent

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? C'est à ces questions et bien d'autres que nous tenterons de répondre.

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Nous vous laissons vous immerger dans son propos.

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Je suis en spécialisation en modélisation en écologie et moi j'avais décidé de faire

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une césure pour savoir si vraiment je voulais continuer dans cette spécialisation ou plutôt

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aller en engin d'environnement.

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Du coup, modélisation en écologie c'est de la recherche, génie de l'environnement

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il y a aussi de la recherche mais c'est surtout du bureau d'études.

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Du coup, j'ai fait au début plus des CDD en agriculture, j'ai fait du maraîchage,

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j'ai fait du vendange et après j'ai fait deux stages, donc un stage de deux mois sur

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le contrôle des espèces invasives, faunistiques, floristiques et ensuite un stage au Gabon

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sur la dynamique des forêts tropicales.

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Le premier stage c'était d'Australie du coup, parcs Victoria, donc c'était un parc

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naturel protégé et ensuite le stage au Gabon c'est avec le CIRAD.

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Si vous deviez qualifier votre césure en trois mots, ça serait lesquels? Essentiel,

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c'est une expérience qui fait grandir aussi.

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Vous dites essentiel, en quoi ça a été essentiel?

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Je pense que j'aurais toujours eu des incertitudes sur mon choix de spécialisation, je me serais

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dit que peut-être après l'école, en ayant choisi cette spécialisation, je ne pourrais

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pas faire vraiment ce qui me correspondait.

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Parce que dans les deux spécialisations, en GE il y a de la sociologie que je ne retrouve

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pas en modélisation et en modélisation en écologie il y a des mathématiques de la

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modélisation que je ne retrouvais pas dans l'autre.

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Ces frontières entre les spécialisations ça met un peu des barrières et on se dit

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qu'après on se met dans une voie et qu'on ne peut pas avoir de passerelle pour aller

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ailleurs alors qu'en faisant la césure, en rencontrant des gens, en faisant des stages

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dans des organismes comme le CIRAD, on se rend compte que peu importe la spécialisation

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qu'on fait, on s'y retrouvera.

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Et avec les expériences plus tard aussi, même si par exemple je n'ai pas fait de sociologie,

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peut-être je ferai des projets où il y aura de la sociologie qui interviendra.

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Qu'est-ce que vous aurez apporté les deux premiers stages que vous avez fait en maraîchage

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et vendange?

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Les vendanges, ça m'a montré que dans tous les cas, peu importe le travail que je fais

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après, je voudrais faire du terrain aussi, même si ce n'est pas du tout le même type

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de terrain, j'ai besoin d'être au contact du vivant et j'ai un peu un autre objectif

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plus tard d'autosuffisance alimentaire.

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Le fait de faire du maraîchage, ça m'a aussi montré les techniques culturales, ça

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m'a montré comment je pourrais même juste tenir un potager par moi-même sans objectif

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de productivité comme dans une ferme.

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Et ce que j'ai le plus aimé, le fait de rencontrer des gens avec des centres d'intérêts

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communs, mes maîtres de stage en Australie et au Gabon.

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A l'initial, on y va pour faire son stage et pour apprendre des outils et puis on a

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sa vie personnelle à côté.

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Et là, je me suis retrouvée à faire du surf avec ma maître de stage en Australie

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ou mon maître de stage, on est parti dans des lacs au Gabon, isolés de tout, on est

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parti en pirogue.

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C'est des expériences, on ne s'y attend pas.

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Le moins aimé, pour commencer, je dirais que c'est les conditions sanitaires au Gabon

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où en y allant, on se dit que ça va aller, que même si c'est différent, tout ira bien.

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Mais en fait, il y avait beaucoup de risques par rapport au paludisme, il y avait la chaleur,

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l'humidité.

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Sur le papier, le stage, c'était assez incroyable, le fait de travailler sur la dynamique des

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forêts tropicales, de faire du terrain et de l'analyse de données.

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Le stage était vraiment fou.

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Mais il y a quand même l'aspect, quand on part quelque part, il faut quand même se

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renseigner un minimum sur les conditions.

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J'avais un médicament pendant cinq mois et tout, ça a quand même des conséquences.

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C'est juste de l'aspect sanitaire un peu.

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Ou en prenant du recueil, je me dis que la saisure, c'était trop bien, mais il faut

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quand même faire attention à certaines choses.

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C'est quoi pour vous une saisure? Saisure déjà, quand on le vit, on a trop

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l'impression que c'est un peu une parenthèse, que c'est un truc, que ça n'arrive qu'une

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fois dans sa vie et qu'il faut vraiment saisir l'opportunité parce qu'on ne va

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vivre que des expériences exceptionnelles et que si on ne la fait pas, après c'est

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un peu trop tard.

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Moi, c'est ce que je m'étais dit avant et c'est pour ça que j'ai fait la saisure

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aussi.

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Je me suis dit, mais imagine, juste après l'école, tu as un CDI, tu rentres directement

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dans la vie active et en fait, tu n'as plus l'occasion de faire des choses qui sortent

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de la formation ou d'accepter des CDD de si courte durée, six mois de travail.

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Alors en fait, ça peut être juste sa vie.

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Si ça se trouve, après l'école, je vais continuer à faire des expériences comme

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j'ai eu pendant mon année de saisure.

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Ça permet de prendre du recul aussi un peu par rapport à ça.

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Ma saisure, c'était l'occasion pour moi d'avoir des expériences un peu professionnelles

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pour savoir ce à quoi peut ressembler ma vie après l'école.

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On a des cours très théoriques et en fait, on ne se rend jamais vraiment compte de ce

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qu'on va faire après.

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C'était surtout ça la saisure au début.

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Justement, comme vous avez vécu des expériences professionnelles, quelles compétences avez-vous

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développées? Spontanément, j'ai géré l'adaptabilité,

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la flexibilité.

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Je ne sais pas, je ne me rendais pas compte.

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Apparemment, d'après mes maîtres de stage, j'étais assez… une dame qui m'a dit

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que j'étais vraiment chill, j'étais adaptable.

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Par exemple, au Gabon, elle avait un peu peur que je ne m'adapte pas et que je rentre

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au bout d'un mois parce que ce n'est pas du tout une condition environnementale, climatique.

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Ça serait bien passé.

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Et en Australie, je pense qu'elle avait aussi un peu peur que j'ai énormément

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d'attentes du stage.

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En quoi cette saisure, elle a été importante et intéressante pour vous?

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Pour répondre au projet de base qui était de savoir dans quelle spécialité je voulais

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m'orienter, là, ça a vraiment été déterminant.

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Avec ma spéc, j'avais un peu peur d'être coincée dans un bureau, sur un ordinateur,

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comme c'est de la programmation informatique et des statistiques.

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Et en fait, je me suis rendue compte que tout est possible.

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Si on veut faire du terrain, on trouvera du terrain.

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Si je veux être dehors, je pourrais être dehors.

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Peu importe.

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Même si ma spécialisation, ce n'est pas voué à ça de base.

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C'est intéressant parce que j'ai appris énormément sur des domaines même que je

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ne connaissais pas forcément avant par rapport à l'écologie, par rapport aux cultures

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aussi.

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Au Gabon, j'ai appris énormément par rapport aux ethnies, par rapport au rite, même de

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la gastronomie.

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Enfin, énormément de choses que je ne connaissais pas du tout avant.

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On y va pour le stage de base et en fait, il y a toutes les choses autour qui font que

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les rencontres te permettent d'avoir des expériences ou de faire des activités en dehors aléatoires

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ou inattendues.

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Inattendue, le troisième mot.

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Je me suis retrouvée à faire du footie, un rugby sur un terrain ovale, un peu en mode

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rugby, cricket, bref.

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Je ne connaissais même pas le sport avant.

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Ou même pour le surf.

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Je me suis retrouvée à faire des activités qui n'étaient pas prévues à l'initiale.

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Spontanément, un savoir ou un savoir-être.

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J'ai l'impression que c'est plus qu'on approfondit les savoirs, mais un savoir-être

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par exemple.

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Je n'ai pas changé nécessairement ma personnalité.

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Je ne sais pas, je me suis rendue compte peut-être de compétences, mais je n'ai pas l'impression

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d'avoir changé par rapport à la saisure.

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Si on revient par exemple sur la flexibilité, je n'ai pas l'impression que c'est la saisure

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qui m'a rendue flexible.

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Savoir-faire.

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Savoir-faire, après, il y a toutes les compétences liées.

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Je ne sais pas, par exemple au vendange, payer du raisin au tout début.

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On se coupe un peu, on ne va pas très vite, on n'est pas habitué.

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Petit à petit, au bout de trois semaines, on commence à avoir la technique.

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Le maraîchage, pareil.

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Ça fait trois ans maintenant que j'y vais, tous les étés.

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Je sens bien qu'à force de connaître l'endroit, à force de connaître les cultures, les techniques

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culturelles, on est plus efficace, plus autonome.

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Plus autonome, plus d'initiatives de prise peut-être.

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Mais en fait, c'est l'enrichissement par rapport aux expériences aussi.

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Au début, on prend peut-être moins d'initiatives, parce qu'on ne connaît pas forcément.

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Par exemple, au maraîchage, tutorer des tomates, faire des semis et rajouter de la vermiculite,

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ce ne sont pas forcément des choses qui sont spontanées, qu'on ne connaît pas.

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On ne se dit pas, le pied de tomate, il va falloir que je le retutore.

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Il y a des choses, je ne sais pas, des herbets par exemple, c'est assez spontané.

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Mais alors, vous savoir, c'est quoi?

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J'ai appris à programmer concrètement, ou les outils statistiques, comme ils sont

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appliqués au concret, on comprend mieux ce que ça veut dire.

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Là, quand je reviens cette année, il y a des notions qui ne me parlaient pas forcément

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avant, qu'on apprend un peu bêtement.

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En fait, c'est quand on est sur le terrain et qu'on nous demande de faire une tâche.

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Par exemple, je prenais des mesures de diamètre et de hauteur d'arbre.

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Et ce qu'il fallait faire, c'était créer un modèle pour estimer des hauteurs d'arbre

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à partir des diamètres.

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Parce que c'est plus difficile d'avoir des hauteurs, alors que la diamètre, c'est

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plus facile à prendre.

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Et du coup, l'idée, c'était qu'on puisse prédire la hauteur à partir du diamètre.

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Et comment on voit si on a un bon modèle ou pas, on regarde la différence par rapport

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à ce qu'on a observé et ce que nous, on prédit avec notre modèle.

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Et avant ça, on l'a vu en cours, toutes ces choses-là, le modèle et les valeurs

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observées, théoriques et tout.

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On a dit oui, c'est bon, je vois à peu près.

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En fait, quand on est vraiment face à du concret et en train de le faire, limite on

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réécrit les formules sans s'en rendre compte, on ne sait pas ce que c'est.

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Et ma maître de sages, elle m'a dit « mais si, c'est cette formule! ».

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En fait, ça vient spontanément parce qu'on réfléchit par rapport à ce qu'on fait

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et pas par rapport à des études de cas qui nous sont directement, qui arrivent comme

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ça.

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On nous dit de travailler par rapport à un truc, mais comme ça ne vient pas de notre

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tête, on essaye d'appliquer des formules sans vraiment savoir d'où ça vient, le

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pourquoi, du comment, en allant sur le terrain.

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J'imagine que la semaine dernière, vous étiez à la séance de débrief collectif

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de…

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Conte à ségeur.

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Il y a des personnes qui sont fixées et qui veulent faire une sécure, mais il y a aussi

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beaucoup d'étudiants qui se demandent s'ils veulent faire une sécure ou pas.

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Il y a un peu cette peur de partir en sécure et de ne pas avoir de projet, de se mettre

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une pression parce que si on a une sécure, il faut à tout près avoir des projets ou

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avoir même des stages ou quoi.

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C'est peut-être pour ça aussi que j'ai pris des stages parce que c'est plus cadré

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ou quoi.

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J'ai l'impression que juste si on veut faire une sécure, il faut y aller.

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Même si on n'a pas de projet de base, on trouvera des choses à faire.

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En tout cas, moi au tout début, j'ai su mes projets peut-être en juin ou en septembre,

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ce que je voulais vraiment faire pendant mon année de sécure.

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Mais là, si vous pouviez vous projeter, qu'est-ce que vous leur transmettriez tout simplement?

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Juste, s'ils veulent faire une sécure, qu'ils y aillent, même s'il n'y a pas de projet

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fixe, ça viendra.

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C'est normal de ne pas savoir forcément ce qu'on veut faire.

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C'est un peu l'inconnu et du coup, c'est trop difficile, je trouve.

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Même quand on nous demande à chaque fois, tu veux faire quoi plus tard?

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C'est des questions où en fait, comme on n'a pas eu l'expérience, on ne sait pas.

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En fait, on sait ce qu'on voit.

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Par exemple, on sait ce que c'est d'être prof de telle matière puisqu'on est tous

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les jours face à nos profs.

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Mais il y a plein de métiers qu'on ne connaît pas et du coup, je trouve ça difficile à

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chaque fois de se projeter et de se dire, je vais faire tel métier sans connaître.

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Pour moi, la césure, je trouve que c'est aussi une façon de partir sans trop réfléchir.

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Il n'y a pas de pression.

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Prendre un rapport, officiellement, si je crois.

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Il n'y a pas de soutenance, de stage.

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En fait, la césure, c'est vraiment hyper libre.

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Du coup, comme on n'a pas cette pression par rapport à l'école déjà, ça permet

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de juste faire ce qu'on a envie sans trop réfléchir.

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Alors que, je ne sais pas, pour un stage de semestre d'études de l'ESSEC, par exemple,

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on a un peu plus une pression sur l'objet du stage parce qu'on sait qu'après, on a

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une soutenance à faire, qu'on doit étudier quelque chose pendant cinq mois.

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Alors que justement, ma maître de stage, elle m'a prise en me disant, ah mais c'est

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bien parce que comme ce n'est pas un stage de fin d'études, au moins, tu vas un peu

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être mon couteau suisse.

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Au moins, j'ai pu faire plein de trucs, même annexe.

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J'ai organisé une formation par rapport à l'application PlanteNet de reconnaissance

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des plantes, mais ce n'était pas du tout dans les lignes du stage, dans les objectifs

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du stage.

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Il y a ça qui est arrivé, les gens qui avaient besoin d'aide sur ça, à ce moment-là,

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on est partis là-dessus.

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J'ai assisté à des ateliers sur la faune au Gabon et du coup, les projets de recherche

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qu'avaient les chercheurs gabonais par rapport à ça.

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Et ça, en stage, vraiment beaucoup plus cadré, hors séjure.

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On a moins l'occasion de faire ça.

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On travaille pour le stage, en fait.

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Les choses annexes autour, on n'a pas trop accès.

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Ça fait quoi d'être un couteau suisse?

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C'est super parce qu'on devait déménager notre bureau, en fait.

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Du coup, il y avait des bureaux à poncer, il fallait peindre, il fallait faire…

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C'est super, moi j'adore.

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Peut-être que je suis quelqu'un qui me lasse vite.

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Je ne peux pas être 8 heures sur un ordinateur.

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Donc si, comme pause, ou au bout de deux heures d'ordinateur, on me dit « Ah, si

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tu veux, il y a un bureau à poncer un peu plus haut », avec plaisir.

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Moi, j'utilise mes mains.

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On voit l'impact directement aussi de ce qu'on fait quand on ponce un bureau, alors

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que quand on fait des statistiques et une publication scientifique, des fois, on ne

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voit pas forcément notre impact directement par rapport à notre travail.

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Ça m'a appris aussi que je n'ai pas envie de rester dans ce cadre très scolaire où

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la suite normale de ma spécialisation, par exemple, c'est de faire une thèse, parce

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que c'est de la recherche.

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Je n'ai pas envie de faire une thèse pour faire une thèse, parce qu'après un master

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de recherche, on fait une thèse, je sais que là, je ne ferai pas une thèse juste

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après l'école et que j'ai envie de prendre du temps pour faire des choses que j'ai

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envie de faire.

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Je ne sais pas, je pensais faire du WUF, travailler avec mes mains après l'école.

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Est-ce qu'en rentrant de cette sédure, vous y voyez un peu plus clair?

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Grâce à la sédure, des choses qui changent dans ma façon de faire.

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Je n'ai plus la même vision quand je vais en cours, parce que maintenant, je comprends

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à quoi sert ce qu'on apprend.

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Du coup, j'écoute d'une autre oreille, je vois à quoi ça peut servir.

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Je suis très intéressée par les yeux d'essentiellement qu'on a eu.

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Maintenant, je vois où on va avec les cours.

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Ça tombe beaucoup autour des cours, ce que je raconte, mais pas du tout.

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Il y a plein d'autres choses, mais je pense que c'est des choses que je vois moins,

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c'est plus abstrait peut-être.

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Là, je n'ai pas d'exemple, mais je suis sûre qu'il y a plein d'autres choses

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qui ont changé.

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Je suis un peu plus posée, je pense, après la sédure.

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Il y a aussi cette peur pendant la sédure de ne pas vouloir revenir, parce que c'est

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trop bien.

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Pourquoi se rasseoir dans une salle de classe alors qu'on peut juste continuer?

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Mais non, c'est important quand même d'aller au bout.

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Quel conseil vous pourriez donner à un futur sédurien?

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Pas de pression, garde beaucoup de temps.

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Ça, c'est un bon conseil.

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N'essaye pas d'optimiser tout le temps pour pouvoir faire un maximum de choses pendant

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ta sédure, parce qu'il y aura forcément des rencontres, il y aura forcément des opportunités

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qui arrivent pendant la sédure.

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Tu es content d'avoir du temps pour revoir des gens que tu as appréciés pendant la sédure,

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dire oui à un plan bivouac, je ne sais pas, ou des choses qui n'étaient pas prévues

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initialement dans l'emploi du temps.

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À travers le témoignage d'Océane se dessine une expérience à la fois émancipatrice

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et formatrice, où l'apprentissage s'ancre dans le réel, le concret et l'humain.

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La sédure, c'est l'histoire d'une année où elle se découvre par l'action, où elle

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expérimente sans pression ce qui la fait grandir.

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Et vous qui nous écoutez, en quoi cette expérience est-elle écho à votre propre parcours?

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En attendant, rendez-vous dans notre prochain épisode où les parcours se façonnent et

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les esprits s'affûtent.